Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko en meeting, en mars 2024.

Au Sénégal, à peine le nouveau gouvernement installé, des rebelles casamançais, parlant au nom du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) multiplient les sorties médiatiques pour interpeller le nouveau gouvernement sur ce dossier qui n’a pas été cité parmi les priorités citées par le président Bassirou Diomaye Faye. La résolution de la crise casamançaise est certes une priorité, mais d’ores et déjà, en mettent l’accent sur le caractère non négociable de leur désir “d’indépendance”, les porte-paroles font monter les enchères.

Au Sénégal, la première patate chaude est déjà entre les mains du Premier ministre, Ousmane Sonko. Reste à savoir comment il s’y prendra pour ne pas se brûler les doigts. Il s’agit du dossier de la rébellion casamançaise. Non contents de ne pas voir ce dossier mentionné parmi les priorités dans les premiers discours du nouveau président de la République, des gens se réclamant du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance, ce mouvement de rébellion qui lutte pour l’indépendance de cette partie sud du Sénégal, ont cru bon de se faire entendre à travers plusieurs vidéos et des sorties médiatiques, au micro de radios locales. Ils rappellent que le dossier de la Casamance doit être une priorité. Ce qui est un secret de polichinelle, même si le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, ne l’a pas spécifié. C’est une question nationale à laquelle il faudra apporter une réponse appropriée.

Mais quand, déjà, les porte-paroles (vrais ou improvisés) du MFDC tentent de faire monter les enchères, l’affaire prend une autre tournure. Ils rappellent que “l’indépendance n’est pas négociable”. C’est donc une menace qu’ils font peser sur l’intégrité territoriale du Sénégal.

La situation n’est donc pas du tout confortable pour le duo au pouvoir, notamment le Premier ministre Ousmane Sonko et le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, même si un des ministres de ce nouveau gouvernement, notamment celui en charge de la Fonction publique et de la réforme du service public, Olivier Boucal, est un des dirigeants reconnus du MFDC.

A quel titre est-il venu alors siéger dans le gouvernement étant connu comme un donneur de mot d’ordre attitré de ce mouvement de rébellion ? Va-t-il user de sa posture actuelle pour convaincre ses ouailles de renoncer à leur folle demande d’indépendance de la Casamance ? Rien n’est moins sûr, si nous savons que le chef suprême du MFDC, le radical N’krumah Sané, ne pipe mot jusqu’à présent. D’ailleurs, c’est son habitude de ne pas commenter le changement de régime ou de gouvernement au Sénégal, estimant, selon ses proches, que ce genre d’affaires ne concerne pas le MFDC.

Rappelons que le jeune Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, persécuté en son temps par le régime de Macky Sall, s’est souvenu brusquement de ses racines casamançaises pour aller jeter son ancre politique à Ziguinchor, la capitale d’une des plus grandes régions de la région naturelle de la verte Casamance, zone que convoite la rébellion pour y asseoir son influence. Il y a bénéficié d’un soutien sûr. Ainsi, il a été propulsé à la tête de la mairie de Ziguinchor. Mais quel type de relations l’actuel Premier ministre entretenait-il avec la rébellion casamançaise, au point que des “chefs-rebelles”, à l’instar de celui nommé actuellement ministre, Olivier Boucal, aient osé tancer directement le régime de Macky Sall pour prendre la défense du maire ? Si les manifestations pro Sonko les plus violentes ont été notées à Ziguinchor, ce ne fut donc pas un hasard. Ceci, expliquant cela.

Cependant, compromission ou simple accompagnement du MFDC ? Les jours à venir nous en diront plus parce que, par leur façon de s’exprimer, certains orateurs se réclamant du MFDC semblent croire que, Sonko étant devenu Premier ministre et ayant permis l’élection de Bassirou Diomaye Faye qualifié même de “bébé” au passage, le problème casamançais sera résolu. Soit ! Mais lorsqu’ils prétendent que l’indépendance est “non négociable”, cela risque d’être la source de la rupture avec Ousmane Sonko qui devra d’ailleurs, par respect à ses engagements, démissionner de son poste de maire de Ziguinchor pour ne pas être dans un cumul de fonction rejeté par les principes e gouvernance de rupture tant prônés devant les Sénégalais par son parti, le PASTEF. La perte de son fauteuil de maire de Ziguinchor est-elle donc une bonne option avec ce qui se dessine déjà ?

Journaliste et Consultant

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